" Comme vous avez pu le constater, mes peintures sont proches de la photographie. C’est en effet la base de ma réflexion, mon travail de peinture commence par la photo. Car ce qui me fascine se sont les images et notre perception de la réalité la plus proche à travers elle. Je photographie régulièrement tous ceux et tout ce qui m’entourent.
D’abord parlons du sujet représenté directement visible car mon sujet est en réalité double.
Le premier est donc mon entourage direct, mon frère, mes cousins, mes amis, mon poisson rouge. Ce qui est considéré comme banal pour certains est merveilleux pour moi et se trouve être une source inépuisable d’inspiration. Qui ne souris pas devant le visage surpris d’un proche photographié à la sauvette ? La photo permet une chose essentielle que la peinture rend impossible, c’est de capturer l’imprévu, le soudain, l’action présente et aussitôt passée. Elle permet surtout de vivre l’action avec les autres alors que la peinture nous en isole."
"C’est deux
médiums opposés dans leur pratique qui crée des images
différentes, et qui sont pour moi complémentaires. La photo
me permet de vivre avec les autres, de les voir vraiment,
de capturer ces images volatiles, et grâce à la peinture je
m’y arrête, je m’y attarde, je les digère, et par mon
esprit et ma main les matérialise. Je leur donne le temps
et le corps qu’elles méritent.
Le second sujet de mes peintures est plus difficile à voir
au premier coup d’œil, il découle du processus de travail
que j’ai mis en place et décris précédemment. En effet,
quand je peins mon frère, ce n’est pas lui que je peins
mais sa photo. Et cela a une grande importance pour moi car
évidemment une photo est très différente de la réalité,
elle la déforme et y ajoute des caractéristiques. Par
exemple un grand angle ou une prise trop près du sujet va
déformer son visage, accentuer la partie la plus proche de
l’objectif. Le flou est spécifique à la photo, les reflets,
les éclats de lumières capturés par l’appareil le sont tout
aussi. Bref la facture de la photo, sa matière, ses défauts
et qualités visuels sont pour moi aussi important que la
personne représentée.
J’aime les images, je me sens proche d’un collectionneur.
Et la caractéristique de toutes les images me fascinent.
Pour certaines peintures j’ai scanné mes photos et en ai
réduit la qualité en les numérisant dans des formats jpeg
ou gif. Ce sont des nouveaux filtres qui viennent s’ajouter
entre la réalité et nous. Et la façon dont l’ordinateur
reconstitue celle-ci est pour moi un vrai plaisir visuel.
Un jeu de construction intelligent qui crée l’illusion à
merveille et dont la structure reste pourtant visible.
Il y aussi une série de petites peintures sur mon grand
père réalisé à partir de vieilles photos argentiques qui
avec l’âge on virées dans les tons verts et bronzes.
Brefs toutes ces factures de l’image liées à leur créations
sont aussi important pour moi que le sujet ou motif
représenté, et bien sur viens s’y ajouter ma propre facture
grâce à la peinture.
Je vous laisse deviner de qu’elle format provienne chacune
de mes peintures et le sens de cette distance qu’il y a
aujourd’hui entre le monde réel et le monde
vu."