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D’ abord, il y a la palette : délicate, élégante, juste, où les
couleurs tombent comme des évidences. Il y a aussi le graphisme
incisif, sans retouche. Mais il y également au-delà de cette
immanquable séduction la certitude immédiate d’un sens à découvrir
derrière les apparences. Les figures énigmatiques et silencieuses,
dépassant les émotions qu’elles inspirent ouvrent les portes
fragiles et mystérieuses de nos paysages intérieurs. On y entrevoit
des parcours d’initiation parfois risqués, souvent étranges, jamais
inutiles. Et l’on se surprend soudain à cheminer vers le
sacré… De cette densité toujours belle mais jamais jolie émane une lumière reposante d’équilibre et c’est là, probablement, le talent singulier et indéniable de Sylvie Serre. » (Antoine Loknar) Comme une histoire sans paroles à l’oeil qui tend l’oreille. Le trait jette un pont au-delà des mots, il emprunte sa lumière à la couleur et cherche son architecture dans l’urgence du croquis. La création tire ses fils d’un écheveau complexe que l’on commence juste à démêler… C’est peut-être aujourd’hui le dernier territoire d’un irrationnel acceptable. La réflexion, périphérique, nécessaire, peut sans inconvénient rester dans l'ombre des tâches colorées. Si son chemin zigzague pour éviter l’impasse, il cherche en tâtonnant une manière de boussole empruntée sans permission à Primo Levi : « Le seul acceptable pour l’homme est celui qui consisterait à les éviter tous. » |